La marche forcée vers le fédéralisme
Petit à petit, le projet européen devient de plus en plus fédéraliste. Dans les années 1970, la Commission Européenne fut chargée de négocier les accords commerciaux dans le cadre du GATT, l’ancêtre de l’OMC. Depuis, la dérive est progressive avec quelques phases d’accélération représentées par les traitées (Acte Unique, Maastricht, Lisbonne…). Au fur et à mesure, malgré les dénégations des Etats, l’Europe se rapproche toujours plus d’un Etat fédéral.
Toute l’ambiguïté du projet européen se retrouve dans la résolution votée par le parlement européen demandant à la France de suspendre l’expulsion des Roms. Il est proprement affligeant de voir ces parlementaires passer du temps pour voter des résolutions parfaitement inutiles et qui n’auront aucune conséquence pratique. Cela a néanmoins l’intérêt de montrer la tentation fédéraliste d’institutions européennes toujours prêtes à étendre leur pouvoir.
On se souvient des cris d’horreurs de nombreux parlementaires et ministres quand il avait été évoqué que l’Europe pourrait gagner un droit de regard sur les budgets nationaux, y compris au sein de la majorité. Bien sûr, pour l’instant, nous ne cédons pas grand-chose, mais la France vient de mettre un doigt dans l’engrenage d’un contrôle de son budget et tout le monde sait bien qu’après cette première mise sous tutelle, viendront d’autres propositions de plus en plus contraignantes…
Un gouvernement totalement incohérent
Le plus triste dans ces épisodes est de constater l’impuissance de ce gouvernement « crocodile » « grande gueule, petits bras », pour reprendre l’expression de NDA. D’une part, il proteste fortement (et justement) contre la résolution du parlement, après avoir protesté contre les projets de la commission de Bruxelles sur le contrôle des budgets, mais de l’autre, il cède, encore et toujours, comme Nicolas Sarkozy l’avait fait en acceptant le traité de Lisbonne.
Et quel meilleur exemple que les expulsions de Roms d’ailleurs ! La France les renvoie (parfois en leur donnant de l’argent) tout en sachant que les traités européens leur donnent la liberté de circulation… Comme d’habitude, le gouvernement prend des postures complètement décalées avec la réalité de ce qu’il laisse faire, n’osant jamais remettre véritablement en cause ce que pourtant il dénonce. En toute logique, Nicolas Sarkozy devrait demander à sortir de Schengen.
En Europe, la lente marche vers le fédéralisme continue inexorablement. Cela n’a strictement rien apporté aux peuples européens, bien au contraire. Mais à trop ignorer les peuples, ces derniers finiront par se rebeller. Et la France a toutes les chances d’être parmi les premiers…
Laurent Pinsolle